" Je vis, donc je fais des films. Je fais des films, donc je vis. "
Engagé dans un art de l’image affranchi de toute forme d’académisme, Jonas Mekas, d’origine lituanienne, est un filmeur de génie, mais il est aussi poète, critique, passeur. De par ses activités variées (réalisation, critique, distribution de films, organisation de structures de diffusion indépendantes), il est à la fois la conscience, le fédérateur et le chroniqueur du cinéma d’avant-garde américain. Il légitime le journal filmé (film-journal) en tant que catégorie majeure du cinéma d’avant-garde et lui a trouvé un langage approprié (conçu à base de collages, ou cut-up visuels, mais débarrassé du symbolisme encore présent chez les filmmakers de l’époque), capable de témoigner de son aventure personnelle et de celle de ses compagnons de route. Asynchronie, mots souvent répétés, images tremblées ou surexposées : ces imperfections techniques sont autant de modalités d’écriture pour tenter de dire ce qui ne peut se dire. C’est ainsi un poème qui se poursuit de films en films chez Mekas.