" J’ai produit avec beaucoup d’obstination des oeuvres systématiques dont la ligne de conduite constante a été de réduire au minimum mes décisions arbitraires. Pour limiter ma sensibilité d‘ « artiste » j’ai supprimé la composition, enlevé tout intérêt à l’exécution et appliqué rigoureusement des systèmes simples et évidents qui peuvent se développer soit grâce au hasard réel, soit grâce à la participation du spectateur. "
Acteur majeur de l’abstraction géométrique de la seconde moitié du XXème siècle, François Morellet s’efforce d’évacuer la subjectivité individuelle de ses oeuvres, dès les années 1940. L’art est délivré de tout romantisme, et, pour se faire, Morellet adopte un langage géométrique très dépouillé, composé de formes simples (lignes, carrés) dans un nombre limité de couleurs dans des compositions élémentaires en 2 dimensions. Il établit les différents systèmes d’arrangement des formes qu’il emploie (superposition, fragmentation, juxtaposition, interférences) en créant sa première trame. Le système qu’il a mis en place pour créer ses tableaux, ses installations ou ses environnements repose sur un mélange insolent de règles mathématiques élémentaires et de décisions aléatoires. Ses systèmes répondent à une « règle du jeu très concise qui existe avant l’oeuvre et détermine précisément son développement et donc son exécution » avec le moins d’intervention subjective.