" Mon art est en rapport avec la sensation charnelle que la terre, au contact de mes mains, me procure. "
Harumi Nakashima, né en 1950, s’est formé à l’art et à la céramique à l’université d’Osaka où le plus radical de ces mouvements, le Sodeisha, orienté vers l’abstraction et le concept, exerçait encore son influence. Nakashima n’en a jamais fait partie, s’appuyant sur son « travail originel de potier » pour tenter de réduire la distance entre le statut de la céramique et celui de la sculpture, qui existe même au Japon. Une lutte intérieure se livre entre les deux tendances, avec la volonté farouche de défendre la céramique. C’est là précisément le sens de son combat et des formes extérieures qu’il prend. Il s’agit de modeler les formes nouvelles, sculpturales, délibérément arrimées du côté de l’expression libre et non plus l’artisanat. C’est sous influence de ce courant que Nakashima s’initie en 1969 à la céramique. S’il s’adosse au savoir-faire traditionnel, il sait lui aussi s’en émanciper, contourner les règles de l’orthodoxie et s’affirmer comme un créateur. Dès 1979, Harumi Nakashima le laisse entendre : il est plus « médiateur » qu’il n’est potier. De la terre qu’il modèle à pleines mains émerge une oeuvre, la mise en forme d’une émotion, un rêve aussi bien qu’un cauchemar. Ce souci de la terre, cette considération sensuelle de la matière, constitue le fil conducteur de son travail.