Depuis le début des années 1980, l’artiste américain utilise l’étagère comme motif identitaire de son travail, élément récurrent et décliné en différentes tailles et couleurs, rendant son œuvre immédiatement reconnaissable. Conçues par l’artiste lui-même, toujours sur le même modèle, elles accueillent différents objets trouvés, achetés, collectionnés, qu’il dispose selon ses propres règles : par association de couleurs, de formes, de souvenirs, par ordre de signification pour l’artiste. Se crée ainsi un langage original. Des figurines de Bart Simpson ou de maître Yoda, des masques de super héros, des horloges, des objets d’art primitif côtoient des jouets d’un autre temps, des boîtes de céréales ou des tasses en céramique. Un condensé de culture et de sous-culture américaines des trente dernières années, qui mêle le vintage et le contemporain, le précieux et le vulgaire, la pièce unique et la production industrielle. Sous l’œil du spectateur, chaque objet sera perçu comme familier ou étranger, sans âme ou chargé de sens et d’émotions. Ainsi, opérant une réconciliation improbable entre Donald Judd et Andy Warhol, Steinbach parvient à faire le lien entre art minimal et pop art et à transcender la banalité.